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La respiration et le prânayama
La respiration nous accompagne dès notre naissance. Le souffle est le premier don que nous recevons. Nous le rendons à notre mort. Chaque être créé possède son rythme de respiration. Humain, animal ou végétal. Chacun a sa manière de respirer. Bien que le rythme puisse varier en fonction d’évènements divers, le rythme de base revient lorsque le calme revient.
Nous faisons en moyenne 15 respirations par minute. Le prânayama nous permet de prendre conscience de notre respiration et de la ralentir à 7 ou 10 respirations. Ce ralentissement va influencer la manière dont nous accueillons ou gérons nos émotions. Il va aussi favoriser notre concentration et nous focaliser sur ce qui est le plus important, sur ce qui est ici et maintenant, sans nous laisser emporter par les stimuli venant de nos sens de perception.
Ainsi, et parallèlement à son aspect purement spirituel, le prânayama est désigné comme le contrôle ou la conduite du souffle. Il nous ouvre une porte vers le plus profond et le plus intime de nous même, nous permettant d’observer les différents états de notre mental. Il va également influencer notre système nerveux autonome.
Les Veda, les Upanishad et d’autres textes anciens utilisent le terme « Prâna » pour désigner le Créateur. Les différentes écoles philosophiques indiennes admettent le principe de création comme une force mise en action par ce Créateur, nommé aussi Purusha, ou Ishvara, ou encore Brahman. Cette force donne vie à chaque être créé. Elle peut s’exprimer de différentes façons au sein des êtres créés, mais elle reste le lien avec le Créateur. Prâna désigne énergie, énergie universelle, énergie individuelle. Prâna est le principe de vie et soutient toutes les créatures du monde.
Nous pouvons comprendre que le prânayama est un outil pour se relier au Créateur, à l’Origine. Prâna est ce qui relie, accompagne l’Atma - l’âme- vers le Créateur. Prâna comprend PR, A, et N. PR signifie aller vers dans un élan transcendant. A symbolise le feu, l’énergie. N permet à cette énergie d’être absorbée et de la redistribuer. Dans ce sens, Ayama est le moyen pour soutenir ces 3 fonctions. Il signifie aussi aller vers le Créateur, s’y relier. Prânayama est un moyen de s’en remettre à plus haut que soi. Il n’est donc pas uniquement d’ordre physique, mais il est beaucoup plus subtil. Lors de la pratique, des points de concentration viennent soutenir le mental pour obtenir les effets de prânayama. Il y a trois points principaux. Le premier est Nâsâgra, situé au bout du nez, mais en dehors du corps physique. Le deuxième est Kantha, situé au niveau de la gorge et le troisième est Nabhi, situé au niveau du nombril.
Le prânayama comprend 4 membres ou parties : puraka, antahkumbhaka, rechaka et bahyakumbhaka.
Kumbhaka signifie « une cruche pleine ». Puraka, l’inspire, c’est remplir kumbha « la cruche ». Antahkumbhaka, qui est la rétention du souffle poumons pleins, symbolise la prolongation du don du Créateur. Rechaka, l’expire, est le partage de ce don. Bahyakumbhaka, qui est la rétention poumons vides, est la prolongation de ce partage.
« Les mouvements de la respiration sont l’expire, l’inspire et la suspension. En portant l’attention sur l’endroit où se trouve la respiration, sur son amplitude et son rythme, on obtient un souffle allongé et subtil » Yoga Sutra II.50
Le prâna et le mental sont interconnectés. Un souffle apaisé amène un mental apaisé et inversement. La Hatha Yoga Pradipika dit que là où se trouve le mental, se trouve le souffle et là où se trouve le souffle se trouve le mental. Si l’on peut maîtriser le souffle, on peut maîtriser le mental et inversement. Les activités sensorielles et les valeurs émotionnelles peuvent constituer un obstacle dans l’expérience spirituelle. Le prânayama est un moyen d’éliminer, ou du moins de réduire ces obstacles.
Le prânâyama se trouve à la frontière entre le monde matériel et le monde spirituel. Le diaphragme est le point de rencontre entre le corps physiologique et le corps spirituel. Le prânâyama fait le lien entre l’organisme physiologique et l’organisme spirituel.
Gardons à l’esprit que le mot « Yoga » veut dire « union ». Union avec le Créateur, la Création ou la Nature, l’origine de tout, quelles que soient nos croyances. La conscience de la respiration reste le centre du yoga. Si le corps est lent, la respiration est lente. Cependant, le mental est comme un papillon allant de fleur en fleur, se posant sur des colorations différentes. Il modifie le rythme de la respiration, l’accélère ou la bloque. Si le mental est focalisé sur la respiration, celle-ci retrouve son rythme naturel.
Une séance de yoga sans prânâyama reste stérile. Le prânâyama est indissociable au yoga : il est le quatrième des huit membres du yoga. La pratique des pranayama dans une séance assure équilibre et harmonie.